2009년 11월 26일 목요일

E.Berth,1875~1939) Les méfaits des intellectuels (1914)

S'il y a quelqu'un en France qui mérite d'être considéré comme un « révolutionnaire conservateur », c'est bien Edouard Berth ! Resté longtemps trop méconnu, Berth a d'abord été, toute sa vie durant, l'ami et le plus fidèle disciple du grand Georges Sorel, l'auteur des Réflexions sur la violence. A ce titre, il fut à partir de 1905 l'un des théoriciens du syndicalisme révolutionnaire, c'est-à-dire de cette tendance du mouvement ouvrier qui entendait se tenir à l'écart des partis politiques démocratiques pour tenter d'instaurer, sur les ruines de la société bourgeoise, une véritable « société de producteurs ». Mais Edouard Berth est un admirateur des valeurs héroïques de l'Antiquité. Tout comme Sorel, il conçoit d'abord le socialisme comme une épopée « sublime », dont le mythe de la grève générale serait le ressort. En 1911, Edouard Berth crée avec Georges Valois le célèbre Cercle Proudhon, où se rencontrent militants de l'Action française et syndicalistes révolutionnaires, réunis par une commune aversion du parlementarisme et de la démocratie libérale. Et c'est trois ans plus tard, à la veille de la Première Guerre mondiale, qu'il publie Les méfaits des intelletuels, ouvrage dans lequel il célèbre le « crépuscule démocratique », la « renaissance du mythe », met en accusation les valeurs bourgeoises et marchandes, et appelle à une synthèse des idées soréliennes et de celle de Charles Maurras. C'est ce livre étonnant, étape capitale de l'histoire des idées, qui se trouve aujourd'hui à nouveau proposé au lecteur. Le texte des Méfaits est précédé d'une longue introduction d'Alain de Benoist, qui présente dans le détail la vie et l'oeuvre d'Edouard Berth. En appendice, figurent également une bibliographie complète de ses écrits, des lettres inédites de Bergson et un essai sur Drieu la Rochelle rédigé par Berth au début des années 1920.

 

Edouard Berth, Les méfaits des intellectuels (1914), Préface de Georges Sorel, Présentation d'Alain de Benoist, rééd. Krisis, Paris, 2007, 380 p., 25 euros. Edouard Berth (1875-1939), syndicaliste révolutionnaire, disciple de Georges Sorel(1847-1922), le théoricien du mythe de la grève générale prolétarienne.

 

"먹물(지식인)들의 폐해(해악)" 라는 제목의 에두아르 베르트(E. Berth)의 1914년 책이 위와 같이 다시 출간됐다고 한다. 저자는 혁명적노동조합주의자로서 소렐(G.Sorel)*의 가장 충실한 제자였으며, 그래서 소렐이 이 책의 1914년 초판에 서문도 쓴 모양이다. 저자나 책이나 모두 잘 알려지지는 않았다는데, 드디어 알랭 드 버누와스트(A. de Benoist)가 여러 관련자료도 모으고 추가하여 본인의 긴 소개문과 함께 2007년에 재출간을 한 모양이다. 아래에 옮기는 편찬자의 소갯글 일부를 통하여 '베르트 대강 맛보기'를 해본다.

(*) Georges Sorel, le mythe de la grève générale prolétarienne

Pour Georges Sorel (1847-1922) il convient de distinguer entre la "nature naturelle", objet de simple observation et qui conserve encore son mystère et révèle de multiples indéterminations, et la "nature artificielle", objet d'expérimentation et qui est soumise aux lois et aux déterminations. L'Etre humain ne peut réellement connaître que ce qu'il crée lui-même, et le progrès scientifique ne peut être que le résultat d'une action constructive et volontaire, conquérante, par laquelle le monde est transformé.

La création scientifique du monde suppose deux conditions : l'existence d'un système de symboles particuliers qui atteignent leur plus haut degré d'efficacité lorsqu'il s'agit de "mythes" irrationnels ou de principes d'action, en général projetés en idéologies abstraites et rationalisées, et l'existence d'un groupe social, d'une classe sociale, qui détermine sa conduite selon les "mythes" et principes de l'idéologie dont il se réclame, et agit ainsi "en vérité". Pour Georges Sorel il n'y a pas de Vérité absolue mais des vérités qui prennent les formes les plus diverses de l'expérience, les doctrines humaines n'ayant de valeur que par leur utilité.

Selon lui la société industrielle est déchirée par des antagonismes profonds que l'idéologie officielle entend camoufler sous une solidarité fictive qui entend s'appuyer sur le "mythe" du progrès matériel indéfini, condition du bonheur de tous. Le slogan de la bourgeoisie est : "Tous solidaires pour le maintien d'un système qui oeuvre pour le bonheur de tous". Et la bourgeoisie n'épargne pas ses efforts en vue d'absorber les dirigeants politiques et syndicaux du prolétariat et d'apaiser les masses par des promesses fallacieuses. (...)

Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908, Slatkine, Paris, 1981, Ed. du Trident, Paris, 1987 ; Matériaux d'une théorie du prolétariat, 1919, Slatkine, Paris, 1981.
http://www.denistouret.fr/ideologues/Sorel.html

 

Présentation d'Alain de Benoist (2007)

in Edouard Berth, Les méfaits des intellectuels (1914), Préface de Georges Sorel, Présentation d'Alain de Benoist, rééd. Krisis, Paris, 2007.

 

1. Syndicalisme révolutionnaire et « grève-généralisme »

La grande idée du syndicalisme révolutionnaire est celle de grève générale ­ou « grève-généralisme », dont l'histoire a été retracée par Émile Pouget dans une série d'articles publiés en 1904 par la revue Le Mouvement socialiste. Ayant lancé une enquête sur ce thème, la revue donna la parole aux partisans de la grève générale, mais aussi à leurs adversaires, socialistes réformistes et sociaux­démocrates, qui la condamnaient comme une «fantaisie dangereuse», une « utopie », une« arme nuisible et meurtrière pour la classe ouvrière ».
Dans sa contribution, Pouget retrace l'histoire de l'idée de grève générale depuis l'époque de la Première Internationale jusqu'aux débats qui opposèrent les dirigeants de la Fédération des Bourses du Travail et leurs adversaires du Parti ouvrier français de Jules Guesde.

 

Les racines du « grève-généralisme » sont probablement à rechercher du côté du mouvement chartiste anglais, qui en donna la première expression publique. Dès l'origine, les partisans de la grève générale manifestent la plus vive méfiance vis-à-vis des partis politiques, l'antiparlementarisme étant ancré depuis longtemps dans certains secteurs du mouvement ouvrier. En 1868, au congrès de Bruxelles de l'Association internationale des travailleurs, l'hypothèse d'une grève « universelle» est déjà envisagée, au motif que «le corps social ne saurait vivre, si la production est arrêtée pendant un certain temps; qu'il suffirait donc de cesser de produire pour rendre impossible les entreprises des gouvernements personnels et politiques».

 

Cette façon d'envisager la grève générale consiste à la concevoir comme seule vraiment efficace, au contraire des grèves partielles et localisées. Ce premier élan fut brisé par les événements de 1870­-71 et l'affaiblissement de l'Internationale qui en résulta. En septembre 1873, au congrès général de Genève, l'idée fut remise à l'ordre du jour, mais une divergence de vues se fit jour entre les syndicalistes européens, qui voyaient dans la grève générale l'équivalent de la révolution sociale, et les délégués américains, pour lesquels elle ne pouvait être au mieux qu'un moyen d'obtenir certaines réformes (ils y auront effectivement recours en 1886, pour conquérir la journée de huit heures). Le projet fut alors mis de côté.

 

En France, le premier propagandiste de la grève générale fut un ouvrier anarchiste du nom de Joseph Tortelier, membre du syndicat des menuisiers. Il en exposa le principe en novembre 1888, au congrès ouvrier international de Londres, mais sans grand succès. La même année pourtant, lors de son congrès de Bordeaux-Le Bouscat, la Fédération nationale des syndicats (FNS), quoique contrôlée par les guesdistes, proclame que « seule la grève générale, c'est­-à-dire la cessation complète de tout travail, ou la révolution, peut entraîner les travailleurs vers leur émancipation ».


Une autre motion invite, significativement, les syndicats « à ne s'inféoder à aucun parti politique, quel qu'il soit ». Mais deux ans plus tard, les partisans de Jules Guesde font volte-face. En octobre 1890, à son congrès de Lille, le Parti ouvrier français (POF) déclare hautement que «la grève générale proprement dite, c'est-à-dire le refus concertéet simultané du travail par tous les travailleurs [...] suppose et exige pour aboutir un état d'esprit socialiste et d'organisation ouvrière auquel n'est pas arrivé le prolétariat ». 

 

Dès lors, guesdistes et «grève-généralistes» ne vont plus cesser de s'affronter. L'idée de grève générale continue à cheminer, notamment sous l'influence de Fernand Pelloutier et d'Aristide Briand. En 1892, le congrès des Bourses du Travail qui se tient à Tours et celui des syndicats tenu à Marseille en adoptent le principe. L'année suivante, au congrès corporatif de Paris, la grève générale est approuvée avec enthousiasme. Mais on réalise aussi qu'une grève de ce type n'a de sens que si elle va au-delà de la simple suspension du travail, faute de quoi les travailleurs seront bientôt aussi vite affamés que les capitalistes !


«Il faudra donc, écrit Pouget, que nous nous emparions des boulangeries, des boucheries, et que nous assurions la vie de tous ceux qui produisent». Cela ne fait que le renforcer dans sa conviction que « la grève générale des métiers, c'est la révolution sociale ». Les syndicats décident alors de mettre en place une commission de neuf membres, auquel est donné le nom de Commission d'organisation de la grève générale (puis de Comité de propagande de la grève générale). (...)

 

2.

Pour Berth, il y a complémentarité naturelle entre les valeurs aristocratiques et les valeurs populaires, qu'il oppose les unes comme les autres aux valeurs bourgeoises. «Entre le peuple et l'aristocratie, écrit-il, il y a une véritable confraternité et intelligence réciproques».


Il aime pareillement à constater, sur certains points, «l'accord essentiel du plébéien Proudhon avec l'aristocrate Nietzsche». Il entend donc faire la synthèse du peuple et de l'aristocratie, comme il veut faire celle du véritable esprit conservateur et du véritable esprit révolutionnaire. D'où cette proclamation restée célèbre: «Il n'y a que deux noblesses: celle de l'épée et celle du travail; le bourgeois, l'homme de boutique, de négoce, de banque, d'agio et de bourse, le marchand, l'intermédiaire, et, son compère, l'intellectuel, un intermédiaire lui aussi, tous deux étrangers au monde de l'armée comme au monde du travail, sont condamnés à une platitude irrémédiable de pensée et de cœur».


Du reste, il s'affirme convaincu que «les révolutionnaires représentent désormais la noblesse de l'avenir et constituent cette pléiade, cette constellation de fils de roi, que M. de Gobineau, grand aristocrate lui aussi, et de naissance et d'esprit, avait rêvée par-dessus la platitude écœurante de notre monde bourgeois démocratique moderne». 
Cette conviction s'alimente du parallèle qu'il dresse constamment entre la guerre et le travail. « Une aristocratie classique, déclare-t-il, c'est une aristocratie guerrière qui a conservé l'esprit héroïque et guerrier, et chez qui la guerre et les vertus guerrières jouent le rôle que jouent le travail et les vertus ouvrières chez le peuple ».

 

Son ambition, c'est le «réveil des valeurs héroïques» qui permettrait d'entrer « dans une nouvelle ère classique, guerrière et révolutionnaire ». Berth, ou le socialisme héroïque ! La guerre, précisément, Édouard Berth en a fréquemment fait l'éloge. Dans Les méfaits des intellectuels, il proclame ainsi « la vertu souveraine de la guerre, dont l'intervention dans les choses humaines est toujours pareille à celle d'un vent fort, âpre et salubre, venant renouveler les eaux putrides des marécages humains ».  Conception qui s'appuie certes sur l'ancienne mise à l'honneur des valeurs guerrières, mais qui fait aussi - et surtout - référence à la guerre de classes.

 

Sorel écrivait, en 1905: «Maintenir l'idée de guerre paraît aujourd'hui plus nécessaire que jamais, alors que tant d'efforts sont tentés pour opposer au socialisme la paix sociale ».

Hostile lui aussi à ce que Sorel appelait la « lèpre de paix sociale », Berth affirme que «la guerre nourrit le patriotisme, comme la grève nourrit le socialisme», et que «le socialisme ne reprend vraiment de la grandeur que dans la mesure où il redevient guerrier ». (...)

 

3. Une pensée toujours actuelle
Dans les dernières années de sa vie, Édouard Berth est revenu de beaucoup de ses espérances, mais il n'a pas changé de cap. L'actualité lui inspire des commentaires variés, dont témoigne surtout sa correspondance. L'arrivée au pouvoir du Front populaire, en juin 1936, le surprend. Le 15 juillet 1936, il écrit à Mariette Legraye:

«Ici, en France, la bourgeoisie n'en est pas encore reve nue d'ébahissement. Ce fut presque la grève générale, et avec cette variante, assez inattendue, de l'occupation [des usines] - scandale des scandales!

Je vois bien que nos bourgeois eussent préféré des violences à cette espèce d'expropriation calme et ordonnée! Chacun y va, naturellement, de sa petite explication - mais ce fut une explosion... spontanée: le triomphe du Front populaire fit sentir aux ouvriers qu'après des années de misère et de sujétion, ils pouvaient enfin relever la tête, et ils le firent, comme mus d'un seul mouvement explosif, je répète à dessein le mot!

L'acte fut révolutionnaire, évidemment, mais peut-on se dissimuler qu'on est entré dans des temps révolutionnaires et que cela ne peut plus durer ? Non, n'est-ce pas?»

Berth remarque aussi que « les communistes sont devenus patriotes et chantent la Marseillaise! Il fallait voir, hier, cette "procession" du Front populaire: on y voyait autant de drapeaux tricolores que de rouges et l'on chantait autant la Marseillaise que l'Internationale! Tout cela est bien curieux et appellerait bien des commentaires ».  Ce «patriotisme révolutionnaire », de toute évidence, ne lui déplaît pas. (...)

 

4.

Cela veut-il dire que l'œuvre d'Édouard Berth n'appartient plus qu'à l'histoire des idées? Certainement pas. Son inspiration, ses thèses générales, ses principes maintes fois affirmés, vont bien au-delà du contexte dans lequel ils furent formulés. Son parti-pris résolu en faveur du peuple - et des peuples sa conviction qu'il faut organiser la société à partir du bas, et non de manière autoritaire à partir du haut, sa théorie des antagonismes, son combat en faveur de la diversité, son goût de l'autonomie et de la liberté, sa hantise de la décadence, sa dénonciation des valeurs marchandes et bourgeoises, son goût du « sublime », sa volonté sans cesse réaffirmée d'associer des idéaux opposés à l'inverse, de se battre en même temps sur deux fronts, l'originalité même son itinéraire personnel, rendent sa pensée plus actuelle que jamais. (...)

 

나머지: http://www.denistouret.net/textes/Berth.html

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