2010년 2월 27일 토요일

Quelle démocratie après Habermas ?

Réflexions sur la post-démocratie / par Daniel Schulz [22-02-2010]
Quelle est l’actualité de la réflexion démocratique après Habermas ? Deux politistes tentent de dépasser l’opposition entre représentation et participation, tout en se penchant sur les raisons du déficit démocratique au niveau européen. Le réveil de l’esprit démocratique passe, selon eux, par une participation accrue et la structuration de conflits politisés.
 
Demokratie. Zumutung und Versprechen   Wie Demokratien leben
Recensés : Christoph Möllers, Demokratie. Zumutung und Versprechen, Berlin, Verlag Klaus Wagenbach 2008.
Paul Ginsborg, Wie Demokratien leben, Berlin, Verlag Klaus Wagenbach 2008.

 

Vingt ans après la chute du Mur, la situation de la démocratie semble paradoxale : d’une part, elle est le seul vainqueur de la sanglante compétition des systèmes politiques du XXe siècle. D’autre part, elle fait face, depuis quelques temps, à un défi précisément nommé : « post-démocratie » est le terme que les commentateurs ont choisi pour décrire l’état des systèmes occidentaux. Nos formes de vie politique peuvent-elles encore être comprises comme des démocraties ? Ou cet ancien concept, porteur de tant d’espoirs, est-il relégué aux oubliettes par cette sceptique auto-qualification ?

 

Interprétations post-démocratiques de la démocratie

Actuellement, le débat européen sur la « post-démocratie » est intense et largement répandu. Les interpellations de Danilo Zolo, Jean-Marie Guéhenno et Colin Crouch ont suscité une attention certaine, au-delà même du cercle des théoriciens politiques . Le scénario le plus souvent envisagé met en scène une communauté dénuée de tout pouvoir, qui, malgré sa façade démocratique, est dominée par des lobbies ou des groupes d’intérêts et qui a abandonné sa capacité décisionnelle à des structures oligarchiques invisibles. Pourtant, dans l’ombre de ce débat, quelques essais méritent d’être pris en considération. Ceux-ci livrent une interprétation inédite de la démocratie, et, dans le même temps, développent un raisonnement qui ne débouche pas sur une sceptique résignation, mais plutôt sur une promesse de liberté qui offre un nouvel élan à cet ordre politique. La maison d’édition berlinoise Wagenbach tente, à l’aide d’une nouvelle série d’essais, de créer un forum de discussion et de déplacer l’attention portée aux diagnostics pessimistes vers des réflexions plus constructives, qui envisagent une échappatoire à la démocratie.

 

La question posée par Paul Ginsborg – « comment vivre la démocratie ? » – renvoie à un moment-clé de ces réflexions : la thèse centrale tient dans la compréhension de la démocratie, qui ne peut être réduite à la fonction d’une forme de gouvernement, d’un système décisionnel, mais doit être envisagée comme une forme de société et de vie, telle que Tocqueville la décrit dans son livre fondamental De la Démocratie en Amérique. Christoph Möllers, constitutionnaliste, défend une semblable compréhension socioculturelle de l’ordre démocratique : la démocratie « exprime le mieux comment nous nous comprenons nous-mêmes : en tant que personnes libres, sous la reconnaissance mutuelle de la liberté de tous les autres » (p. 13).

Pour les deux auteurs, il ne s’agit donc pas de développer une idéologie pure, une « justification » philosophique de la démocratie ; ils ont à cœur de dégager un horizon d’argumentation qui préconise une compréhension pragmatique de la démocratie. Ainsi, parmi les références théoriques de Christoph Möllers, on trouve certes Kant et Rousseau, mais aussi John Dewey et Richard Rorty, qui ont toujours considéré leurs réflexions théoriques démocratiques comme une interprétation liée au contexte de la communauté politique et participant à son discours identitaire.

 

L’effort pour sortir des sentiers battus des théories démocratiques unit Ginsborg et Möllers. La controverse sur la démocratie a longtemps été définie par les antagonismes entre les approches représentatives et les approches démocratiques directes. Aussi bien Ginsborg que Möllers essaient, dans leurs réflexions, de remettre en question cette contradiction idéologique, afin d’adopter une perspective dans laquelle participation et représentation n’apparaîtraient pas comme antagonistes. D’ailleurs, ils procèdent sans recourir à la rhétorique de la « troisième voie » (elle aussi chargée de représentations idéologiques), ce qui donne à leurs essais une fraîcheur bienvenue.

Comment ces deux auteurs réagissent-ils par rapport aux diagnostics de la post-démocratie ? Celle-ci est considérée comme une occasion pour repenser l’identité et les formes de la communauté démocratique, car, quand on annonce leur mort, les démocraties se retrouvent démunies : elles ressemblent, comme dit Ginsborg, à un « empereur sans ses habits ». Quels habits proposent donc Ginsborg et Möllers pour dérober le prince à sa nudité ?

 

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